LA PRIERE

C’est la PRIERE qui a sauvé ma vie.   (Gandhi)

La prière ce n’est pas le sujet qui attire. Cela sent la vieillesse ou l’extrême jeunesse.La prière c’est un mot qu’on croit ridicule, périmé, ennuyeux.

L’attitude qu’elle suppose, offusque le bon sens, l’intelligence, l’esprit critique, le sens des responsabilités.

Quelle erreur ! heureux celui qui reçoit ce cadeau et qui s’en sert ! je suis de ceux (très nombreux) qui vivent la prière depuis le plus jeune âge et qui , malgré des périodes de doute, n’a jamais entendu le disque « abonné absent ».

Ce n’est pas facile à expliquer, c’est impossible à prouver, c’est comme la Foi : un cadeau, une grâce…

La prière ce n’est pas une question de connaissance, d’intelligence, de raisonnement, quelque chose qu’on pourrait enseigner, assimiler, acquérir,

              Et pourtant il y a rapport avec la pensée de l’être priant.

La prière ce n’est pas une question d’attitude (prosternation,têtebasse,

 mains jointes,etc..).On peut prier n’importe quand, n’importe ou, dans n’importe quelle attitude et même, en faisant autre chose. Il est néanmoins nécessaire de pouvoir être à ce qu’on fait. C’est une question de concentration, de volonté, d’écoute intérieure.

La prière ce n’est pas automatiquement une demande, une supplique,l’aboutissement d’une peur,d’une panique qu’on éprouve pour soi ou pour quelqu’un. Mais ce n’est pas exclu.C’est une question de confiance,d’amour et aussi d’humilité. Pourquoi aurai-je honte de dire mon angoisse ? puisque je sais que Dieu me respecte et m’aime tel que je suis.

La prière ne devrait jamais être un discours, qui même très bien construit n’est qu’un discours….qui, si le prieur est sincère,s’arrête :

« Il sait mieux que moi..,il n’a que faire de mes belles idées, de mes concepts, de mes bons sentiments…… »

Car la prière, c’est avant tout une écoute.

C’est rejoindre quelqu’un pour qu’il m’aide à respirer, car j’étouffe, soit de joie et il faut crier ma gratitude, soit de peine, de lassitude, de colère et il m’aime assez pour supporter mon ras-le-bol.

Dans les deux cas la prière va me libérer, me rendre un rythme respiratoire paisible.Je trie ensuite dans ce chaos de désirs, de demandes, de refus, d’acceptations.Et vient le temps du silence et de l’écoute.

Il m’aide à réfléchir, à modifier mon jugement,mon désir.

Dans mon cœur vient la paix.

Et l’envie de penser aux autres…Mais comment puis-je évoquer devant lui telle souffrance,tel problème social, telle misère, sans l’entendre me dire :

« Vas-y, fonce.Je te rejoins, je te rattrape ou je te précède mais vis ta prière

Sinon,tais-toi ! tu n’es qu’un hypocrite. C’est toute ta vie qui doit devenir prière.

Tu me dis qu’il souffre, partage sa souffrance !

Tu me dis qu’il a faim, donne lui à manger !

Tu me dis qu’il est écrasé par l’injustice ou le mensonge,bats-toi pour lui !

Entre dans mon combat, qui n’est pas  explication du mal et de la souffrance, mais engagement de solidarité et d’amour.

Entre dans la joie de l’évangile : aime les petits, les humiliés et les offensés.Oublie toi un peu.Ce monde crie vers nous tous !

-Seigneur, j’ai peur. Tu m’en demande trop ! Je ne peux pas aller si loin…

« Ne tremble pas, frère.Avec moi tu peux faire beaucoup plus.Avance en pleine eau, ne recule pas.

Ce que tu ne pourras pas faire, d’autres le feront. Tu n’es pas seul.Partage avec tous les hommes de bonne volonté tes engagements, tes luttes.

J’attends des croyants qu’ils ne laissent pas à la porte de leurs églises la vie intense de la société.Que dans une grande prière ouverte, les militants partagent en assemblée humble et fervente, leurs efforts, leurs découvertes de la semaine, puis qu’ils cherchent dans l’évangile, les paroles et les actes de justice, de libération et d’amour.La récolte de chacune de nos moissons dérisoires constituerait au total un festin de fraternité offert au Dieu vivant.

  Jean  Hoibian