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PLUS  PRES  DE  TOI  MON  DIEU

 

La température est élevée mais un « mistral » plutôt sage permet à l’homme de se trouver bien dehors, allongé dans un rocking-chair confortable quoique sans grâce, fait de plastique et de métal et non de rotin comme dans les romans anglais. A propos de roman celui qu’il essaie de lire lui tombe des mains. Les éditeurs se moquent du monde. Pourtant il s’agit « d’Actes Sud », une référence.

Mais ce Timothy Findley, un auteur canadien connu, n’a pas été inspiré, pense l’homme. Inventer un conte farfelu en partant du mythe biblique du Déluge, c’est fabriquer du compliqué sur du déjà très ésotérique. Pourquoi s’acharner à lire 470 pages alors que les 91 péniblement déchiffrées n’allument aucun intérêt dans son cœur ou son cerveau !

Il se lève soudain agaçé par le charivari d’une centaine d’étourneaux qui piaillent au sommet du grand pylône électrique qui défigure le quartier .Deux coups secs d’une petite bûche sur le métal et le nuage bruyant s’enfuit et disparaît.

On a beau être en ville, la nature se rappelle à vous. Montélimar n’est ni Paris, ni Lyon !

Ce Montilien possède d’ailleurs un jardin qui fait son bonheur. Chaque matin il en fait le tour et remercie le Créateur pour les fleurs, les arbustes, les arbres qui dispensent une ombre fraîche. Lui le parisien de naissance n’avait jamais manié la binette et le râteau ! et voici que devenu retraité et provincial, il a dû planter il y a 10 ans, des végétaux de 40 centimètres, semer du gazon, sans trop savoir ce que ce terrain absolument chauve allait lui réserver comme surprise..

Le chant des oiseaux au printemps, l’expression plutôt désagréable des pies et des corbeaux, toute l’année. On ne s’ennuie jamais quand on possède un jardin !

Depuis un mois un hérisson se manifeste à la nuit tombée. Vite on lui approche un vieux plat garni de

boulettes pour chats, et dans la pénombre, on l’entend croquer, puis sans dire merci, il regagne sa cachette.

Mais ce n’est pas le soir. L’homme se lève le cœur comme renouvelé du bonheur de vivre. D’où lui vient en cette belle journée ce sentiment de proximité du Dieu vivant ? La nature épanouie devant ses yeux ? son corps dont aucun organe n’éveille une inquiétude, lui qui si souvent l’a plié de douleur et d’angoisse comme un peuplier tourmenté par un vent puissant.. ? Peut-être le Psaume 70 lu ce matin : »Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance, mon appui dès ma jeunesse. Toi mon soutien dès avant ma naissance, tu m’as choisi dès le ventre de ma mère « ?.

C’est bien ce Dieu là qui est sa force. Ce souffle de proximité et de connivence, à qui on peut tout avouer, tout dire de sa vie humaine, et non de ses

seules pensées pieuses du dimanche matin. Un dieu compagnon, frère,qui lui parle d’un royaume dont il faut tracer les contours, comme le maçon piquette le sol de la future maison. Joie intérieure, profonde, qui lui donne envie de remercier en sifflant ou en chantant un air de Brassens ou de Bach. Que la vie est belle quand on se sent aimé par Dieu, au travers de sa femme, de ses enfants, de tous ses copains de lutte et de militance !

L’homme s’approche de la cabane en bois où il range tout un « bazar » incongru dans la maison.

Son petit projet de ce jour : fixer une poignée permettant d’ouvrir la fenêtre rustique de ce petit bâtiment construit pour lui avec amour par un neveu et par sa femme, décédée depuis hélas.

Souvenirs, émotions, tristesses. La vie et la mort sont mêlées. C’est notre condition humaine, nous l’oublions souvent..

Voilà que pour ce petit « bricolage », l’homme rencontre une difficulté : la fenêtre en bois plein est trop épaisse pour la tige filetée de la poignée de laiton. Il faut permettre à la tige trop courte de montrer le bout de son nez, juste pour qu’on puisse visser la boule brillante qui attend de prendre sa place ! Et voici l’homme qui se souvient du vieux vilebrequin de son père, un outil d’autrefois relégué  dans une vieille caisse mais qui comporte une fraise parmi ses dix petits outils adaptables.

Quelle émotion de tenir dans ses vieilles mains l’ingénieux instrument dont son père mort en 1955 lui avait montré le fonctionnement.

Tout un passé envahit son cœur. Les mains de son père. Il croit les sentir vivre en tournant la fraise. Les fins copeaux de bois lui rappellent l’odeur de l’établi installé dans la cave de la maison familiale de banlieue. Il y a si longtemps ! Souvenirs de cet apprentissage que son père lui offrit en guidant ses mains de gamin sur la scie, le rabot, les marteaux, les tenailles, et..le vilebrequin !

Ö mort où est ta victoire ?

En utilisant ce vieil outil démodé l’homme est retourné sur un passé où joies et douleurs ont tissé son histoire familiale et personnelle.

O Dieu, tu m’as donné tant de preuves, de ton cœur compatissant, guidant le gamin insouciant vers son humanité mature.

Tu n’es pas seulement le Dieu unique des religions et de leurs rites. Tu es le Maître de la vie, celle de tous nos jours, celle de tout ce qui occupe nos temps éphémères, mais qui ,en Toi,prend souvenance.

L’homme a fini son petit ouvrage. Il referme le lourd volet et range le vilebrequin. Il « compte les bienfaits de Dieu » de cette journée bénie y associant le hérisson, et le vieil outillage de son père.

 

             30 Août  09       Jean  Hoibian,

^^

Tag(s) : #La vie tout court
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