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Migrants : les cinq ans des cercles de  silence

Depuis cinq ans, les participants aux cercles de silence demandent la fin de l’enfermement des sans-papiers. Une revendication qui rejoint les appels du Secours Catholique à plus de dignité pour les étrangers en situation irrégulière.

 

© Elodie Perriot/Secours Catholique

En 2007, une vingtaine de personnes s’étaient réunies silencieusement place du Capitole à Toulouse, à l’appel de frères franciscains, pour manifester leur inquiétude face aux conditions de détention des sans-papiers. Cinq ans plus tard, les cercles de silence sont présents dans plus de 170 villes françaises et regroupent, chaque mois, entre 5 000 et 8 000 personnes.

Samedi 16 mars, sur la place du Palais Royal à Paris, 250 personnes ont participé au cercle de silence spécialement organisé pour le 5e anniversaire de cette forme de manifestation particulière. L’objectif est toujours le même : dénoncer les centres de rétention administrative (CRA) et l’enfermement de personnes en situation irrégulière.

Fermer les centres de rétention

« Malheureusement, notre mouvement est toujours d’actualité, constate Josette Gazzaniga, l’une des organisatrices des cercles parisiens qui accueillent plusieurs membres du Secours Catholique de Paris. Nous continuerons chaque mois, tant que les CRA n’auront pas été fermés. »

Ce jour-là, de nombreuses personnes sont venues de toute la région pour marquer l’événement. Claudine est une habituée des cercles en Essonne : « Cela fait quatre ans que j’y participe, explique-t-elle. J’ai commencé après avoir lu l’ouvrage d’un frère franciscain, à l’origine du premier cercle de silence (1). C’est pour moi une manière concrète de protester. »

Un peu plus loin, Anne, la soixantaine, s’est inscrite dans le cercle avec ses deux filles. Elles étaient venues pour faire des achats dans le centre de Paris et ont été interpelées par l’une des bénévoles qui distribue des tracts aux abords du cercle. « Nous connaissions les cercles de silence mais nous n’y avions jamais participé, raconte-t-elle. S’arrêter aujourd’hui quelques dizaines de minutes nous a semblé important : c’est inhumain de mettre en prison des personnes uniquement car elles n’ont pas les bons papiers. »

Un engagement sur le long terme

Au centre du cercle, une lampe tempête. La flamme symbolise les sans-papiers, enfermés dans un carcan de verre. Le bruit des voitures et des touristes entoure un vrai silence sur la place. « Je pense que ce mode d’expression a touché des personnes, ajoute Josette Gazzaniga. Certains sont surpris par ce genre d’action, d’autres trouvent cela plus « parlant » que de crier dans une manifestation. Finalement, le silence, ça s’entend. »

Parmi les participants ce samedi, se trouvait le pasteur Claude Baty, président de la Fédération protestante de France : « C’était important pour moi d’être présent pour cet anniversaire. Je pense que l’engagement des chrétiens pour les personnes migrantes doit s’inscrire dans la durée, ce que permettent les cercles de silence. Ils sont à contre-pied de l’ambiance médiatique, des réactions uniquement guidées par l’émotion. »

Les cercles de silence ont aussi fait des émules dans toute l’Europe : il en existe treize en Espagne, un à Varsovie et un autre à Liverpool.

Sophie Lebrun

 

 

Tag(s) : #Société
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