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De l'impatience en réflexion théologique

 

 

Jean Hoibian

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On a bien raison de parler au pluriel quand on veut exposer la théologie de nos Églises
.  Les « orthodoxes » malgré les synodes et le discours des responsables nationaux et régionaux de l'Église Réformée, se montrent incapables de préciser le contenu actualisé de leur foi. Les penseurs libéraux me semblent croire et dire parfois des choses contradictoires, et manquer de patience ! ?

Cette constatation personnelle n'est pas une critique négative : le libéral se méfie des affirmations dogmatiques, il revendique le droit pour tout croyant de douter, de chercher sa vérité, d'avouer son incapacité à dire clairement Dieu et tout ce qui en découle. Facile de lui reprocher ce flottement de la pensée pour ceux qui depuis l'avant guerre enseignent un message immuable centré sur la recherche et l'obtention d'un  salut individuel. Dans un grand nombre de nos paroisses guère d'invitation à une réflexion théologique. Malgré l'évolution extraordinaire de la Société, on continue à vivre comme hors du temps, dans la douce quiétude du ron-ron joyeux et chaleureux de gens qui se savent pardonnés et qui espèrent bien être accueillis, après leur mort, dans un paradis dont ils ignorent les contours.

Je n'ai nulle intention de peiner les chrétiens « orthodoxes », ni les « fondamentalistes ». Mais je suis de ceux qui étouffent un peu dans ces églises ou l'on croit, sans réfléchir, ce que les confessions de foi, les textes liturgiques, les cantiques et les travaux des synodes, affirment avec une naïveté et un décalage important au rapport de la pensée contemporaine.

Abreuvé lors de mes lointaines études théologiques par le « barthisme », il m'a fallu vivre une culpabilisante conversion m'amenant après moult lectures savantes à rejeter des affirmations de foi devenues indigestes : la Toute Puissance de Dieu, la crainte du Jugement dernier, l'effort épuisant pour vivre selon une morale qui me ferait gagner au bout de mes jours la vie éternelle.

J'ajoute que le message religieux tombant souvent dans une sorte de naïveté sentimentale s'appuyant sans critique sur les textes bibliques considérés comme Parole divine, me laisse souvent choqué et assoiffé.

Me pardonnera-t-on la rudesse de ces propos ? Je suis convaincu de ne dire ici que ce que beaucoup pensent. Depuis 50 ans plusieurs demandent à nos autorités d'avoir le courage d'ouvrir le grand débat du contenu de notre foi. Que croyons-nous aujourd'hui après 2000 ans de christianisme ?

Qu'est-ce que nous ne pouvons plus croire ?En quoi sommes nous conscients d'avoir trahi la pensée de Jésus le Fils de l'Homme, sous l'éclairage atroce des « grandes » et des « petites » guerres, des nombreux génocides (les connus et les ignorés...), la colonisation, l'esclavage, et tant de crimes impardonnables ?

Vivre dans le monde sans être du monde.

Il me semble que c'est l'essentiel du message de Jésus. Sa vie d'homme est pour le croyant un éblouissement. Les faux Dieux inventés par les hommes deviennent insignifiants. Nous sommes appelés à vivre à contre-courant en donnant priorité non  à la recherche de notre bonheur personnel, mais au service du prochain. Le pardon gratuit que Dieu nous octroie ne nous autorise pas à suivre le comportement proposé par les médias. Bonhoeffer appelle cette attitude originale du croyant, « le prix de la grâce ».

Ne sommes-nous pas appelés à refuser dans toute la mesure du possible de vivre égoïstement pour soi, selon les critères mensongers de la société (la course au fric, les paillettes, la vanité, le mépris, le dévergondage, l'obsession du sexe, le racisme, l'exploitation des plus faibles, le « toujours plus »...

Maîtriser son comportement en faisant une place aux autres, en refusant l'inutile, le gaspillage, l'étalage de son « avoir »

En résumé, tenter de vivre autrement et ne pas cacher sa détermination, afin que vienne la question : pourquoi tu ne fais pas comme tout le monde ?

Rendre ainsi possible le témoignage sous des formes diverses :

La Nature nous a été confiée, elle est menacée, je veux la respecter comme Dieu nous le demande

Ou bien : pour le « comment vivre » (le sens), je m'en réfère à la Bible

Ou bien : je veux tenter de respecter tout être humain quel que soient son origine, sa religion, son niveau d'intelligence ou de sensibilité, et sans se prendre au sérieux, suivre de près le culturel, le politique, le social, s'y impliquer, afin de pouvoir protester quand les valeurs humaines sont bafouées. Encourager les autorités religieuses quand elles croient devoir parler au nom de l'Évangile et des Droits de l'Homme.

Aimer ce monde ou malgré la folie négative, la lumière de Dieu s'est incarnée dans le  christ Jésus.

En résumé comment concilier trois attitudes :

Respecter la foi des piétistes pacifiques : ne pas affirmer trop vite et sans nuance que les dogmes sont stupides parce la raison ne peut les contrôler ?  Par exemple, la résurrection de Jésus ne peut-elle pas être acceptée comme une vérité de la foi, échappant à tout réalisme, mais vérifiée dans la certitude d'une « présence » ?.
Autre exemple : que savons-nous de l'après mort ? De quel droit certains d'entre nous affirment-ils la néantisation de notre personne, sous l'argument d'une massification impossible de milliards d'humains ? Qui croit rencontrer ses proches, en chair et en os ?

 Résister au monde en vivant à contre-courant.

 Prendre au sérieux notre monde, car les signes du Royaume de Dieu s'y révèlent tous les jours. C'est dans ce monde, avant tout, que nous devons réaliser notre existence, et grandir comme « image de Dieu »

Donc, double citoyenneté : la politique et la spirituelle. Pas facile...

Que la vraie intelligence, ardente, aimante, modeste, nous soit accordée.

 Jean HOIBIAN

 

Tag(s) : #Société
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