MON BEL OISEAU DE DIEU
Notre pivert a disparu.
Chaque matin je retenais mon souffle quand je l’apercevais, plaqué miraculeusement au tronc de notre olivier, frappant vigoureusement de son long bec, tout en jetant des regards méfiants en tournant rapidement sa tête aux belles couleurs de droite et de gauche.
Etait-ce un mâle ou une femelle ? je n’ai jamais pût le questionner car, dès qu’il me repérait, il s’enfuyait de son vol lourd et rapide.
Je rêvais d’une saisie chimérique qui m’aurait permis durant un court moment de sentir la chaleur vibrante de son corps et le battement de son cœur ( jadis j’ai connu cette jouissance ayant élevé, à Aubervilliers, des pigeons voyageurs )
Voici presque deux semaines qu’il n’est plus revenu et je m’inquiète. La joie de contempler ce bel oiseau m’est-elle refusée ?
Ainsi va la vie. En vieillissant, beaucoup de plaisirs, de beautés, de sensations, de rencontres s’éloignent…..
Et la nostalgie m’envahit.
La froidure de ce mois d’hiver m’impressionne. Et ce soir cet épais brouillard….
Est-ce ce film émouvant à la télé ?..ces livres lus ces jours-ci à petites lampées.. ? ces messages affectueux de fin d’année ? ces petites déceptions familiales ? Je cafarde ! mon beau pivert ne reviendra-t-il plus ?
Comme à son habitude, le monde étale ses turpitudes : guerres, famines, misères. Ma pensée descend la pente : cette nouvelle année me sera-t-elle accordée ? ou bien, comme le pivert, franchirai-je la frontière invisible ?
Comme un cheval qui s’ébroue, je secoue ma tête chauve et refuse de pleurer sur mon sort.Mon regard s’éclaire en voyant sur l’écran de mon portable les photos de nos trois merveilleux petits enfants. Une bouffée de bonheur m’envahit. Regretteront-ils le pivert ? peu probable, leurs jouets magiques bourrés d’électronique occupent davantage leur présent et…leur avenir ?
Ton pivert est ailleurs.Toi tu n’es pas seul. Ton épouse te propose de noyer ton cafard dans un chocolat brûlant !!
Entre avec confiance dans cet an 2007. Peut-être ton beau pivert reviendra-t-il ? l’olivier bien enraciné reste disponible.
Nous ne savons rien de nos futurs, mais nous pouvons, comme l’olivier attendre de pied ferme, la paix de Dieu et l’espérance.
Jean Hoibian :déc.06