Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

EVOLUTION  DE MES CONVICTIONS

                             Protestantes. 1ère partie.  

 

 

Heureux les convertis ! ceux qui décident un jour d’adopter

la foi chrétienne !. Peu importe le processus de cette démarche.

Ils se déclarent dorénavant chrétiens et deviennent membres d’une église de leur choix.

Je les envie un peu, moi qui suis un chrétien protestant de l’Eglise réformée, non par décision, mais par hérédité.

Pourtant j’ai eu la chance que ceux qui m’ont fait glisser dans cette

appartenance religieuse étaient des chrétiens sincères. Ils étaient issus

de plusieurs générations de protestants.

 

Nos temples de confession réformée étaient, il y a 70 ans, remplis tous les dimanches, de « pratiquants » dont les convictions n’étaient guère

fondées théologiquement. Ils étaient des protestants « d’habitude », de tradition, vigoureusement anticatholiques et attachés, plus à des

préceptes moraux, qu’à une recherche de spiritualité.

 

Peut-être ai-je tort de parler d’eux, ainsi ? Car personne ne peut sonder les cœurs. La foi reste un grand mystère, nourrissant en chaque « croyant », une part secrète. Cependant, comme tout pasteur, j’ai souvent ressenti l’absence de motivations des familles me demandant, par pure tradition, un baptême, une confirmation (et donc automatiquement une inscription sur le registre des membres), ou un mariage, ou enfin, et c’est la demande la plus exigeante, un service funèbre.

Prêtres et Pasteurs ressentent l’obligation de célébrer ces cérémonies dépouillées de toute sincérité, comme une souffrance, proche parfois du blasphème.

 

Aujourd’hui, les églises protestantes sont au trois-quarts vides, mais les gens qui y viennent échappent à toute hypocrisie. Mais que viennent-ils y faire ? : pratiquer un rituel sans réfléchir, puis écouter avec plus ou moins d’attention le commentaire compétent (?) d’un texte biblique, fait par le pasteur. On y prie aussi, on y chante, et c’est souvent là que les fidèles ressentent le plus de bien-être. Le climat  de culpabilité et d’angoisse s’efface un peu au profit d’une joie intérieure fondée sur deux proximités d’empathie : celle d’un Dieu d’amour, et celle des membres de la petite communauté frileuse et soucieuse !

Ce n’est pas rien ce rôle de thérapie rempli par les assemblées religieuses. Aujourd’hui comme hier, on vient au Culte pour que le  contact avec le Divin soit facilité par le regroupement amical, la prédication et les prières du pasteur.

 

Mais de ces cultes, le monde, la société, sont absents. Il existe des sujets tabous tels l’argent, le sexe et la politique.

Or les chrétiens sont des humains comme les autres. Ils subissent les turbulences inévitables de la vie individuelle et collective qui les troublent. Où trouver des solutions aux problèmes qui les agitent.

De surcroît il est frustrant de ne pas être aidé à  témoigner de ses  convictions, en fournissant des réponses appropriées aux questionnements de la société civile habitée par l’indifférence !

 

Qu’est-ce qui distingue un chrétien d’un non-croyant dans la vie politique, sociale, économique, culturelle ?

Les études sociologiques réalisées sur  l’élite de la population protestante font apparaître avant tout des qualités éthiques : honnêteté, rigueur, esprit d’entreprise, humanisme, loyauté républicaine, internationalisme. Chez le petit peuple « parpaillot », on retiendrait surtout simplicité, charité, respect des lois.

Tout cela n’est pas dérisoire ! Mais pour le philosophe et le théologien il manque dans l’évaluation des bienfaits de la croyance protestante, l’essentiel : la dimension transcendante de la spiritualité.

Pendant des siècles les chrétiens ont vécu de principes traduits dans leurs églises par des rites, des cérémonies, des crédos, sur lesquels une minorité de théologiens et de pasteurs avaient réfléchi.

La Bible était la Parole de Dieu. Elle était dite « sainte » et incontestable.

Dieu était Tout-puissant, Créateur du monde et de tout être vivant.

Ce Dieu redoutable daignait pardonner et sauver d’un châtiment éternel, l’humanité perdue depuis la révolte d’Adam et d’Eve, en échange du sacrifice de Jésus. Ce Jésus, homme véritable, était déclaré également d’essence divine. Après sa mort expiatoire sur la croix il avait ressuscité et les croyants étaient appelés à se mettre au bénéfice de sa puissance surnaturelle afin d’accéder après leur mort à une autre existence exprimée ainsi : »la résurrection de la chair et la vie éternelle ».

En lisant ces lignes, on pourrait être tenté de croire que je définis la foi catholique ! La Réforme de Luther et de Calvin n’a-t-elle pas aboli les dogmes de l’église romaine ?

 

Certes des différences importantes rendent impossibles la fusion des deux grandes expressions chrétiennes.

On connaît les formules latines célèbres qui expriment la rupture opérée en premier par Luther : « sola gratia ; sola fide ; sola scriptura ;

Soli deo gloria. »

Le protestant est appelé à croire (la foi), qu’il est sauvé de sa culpabilité devant Dieu, non par ses bonnes œuvres et un comportement moral exemplaire, mais gratuitement (par grâce) par décision bienveillante et compatissante de Dieu. L’annonce de ce salut gratuit (la bonne nouvelle), ainsi que le plan de Dieu pour l’humanité, sont contenus exclusivement dans la Bible. Celle-ci doit être lue et méditée par tous (et non pas exclusivement par les clercs).La Bible comme la Nature sont des cadeaux offerts au cœur comme à l’intelligence de l’homme. A Dieu seul soit la gloire !

 

Disparaissent définitivement à la Réforme : l’interprétation des Ecritures par le seul Magistère, le salut par les œuvres accomplies par le croyant, le culte rendu à Marie la mère de jésus, le rôle joué par les « Saints » (désignés par décret papal), l’autorité spirituelle et matérielle d’un Chef incontesté : le Pape, et la cérémonie dite eucharistie, où le sacrifice de Jésus est réactualisé lors de chaque Messe. Cinq sacrements (signe visible d’une grâce invisible) sont rejetés. Deux seuls demeurent : le baptême et l’eucharistie (la Cène ) .

 

Ces différences sont très importantes mais elles sont cependant secondaires au rapport du contenu des croyances fondamentales définies par les Grands Conciles du 4ème siècle. Personnellement je ne peux pas me soumettre à ces textes.

 J’adhère pleinement au courant théologique dit « libéral », qui affirme :

  • « la primauté de la foi sur les doctrines,
  • « la vocation de l’homme à la liberté,
  • « la constante nécessité d’une critique réformatrice,
  • « la valeur relative des institutions ecclésiastiques,
  • « le désir de réaliser une active fraternité entre les hommes qui sont tous, sans distinction, des enfants de Dieu »
  • Cette affirmation est justifiée « par souci de vérité et de fidélité au message évangélique, et dans le refus de tout système autoritaire.

 

Mon histoire personnelle illustre bien, me semble-t-il, cette rupture libératrice qu’il m’a été donnée de faire et de recevoir, au travers de nombreuses luttes, crises, recherches laborieuses,

Aujourd’hui l’évidence de mes convictions libérales m’apparaît dans l’étonnement du rappel de mon obscure foi enfantine.

Dès l’âge de cinq ans, mes parents, protestants convaincus, m’ont emmené tous les dimanches au culte célébré dans ce beau et grand temple du Raincy. (93). La trace de ce spectacle religieux est gravée dans ma mémoire. Cette paroisse de tendance évangélique célébrait un office de grande tenue liturgique et de longue durée. Mais la très nombreuse assemblée ne se plaignait nullement de l’aspect dichotomique du message proclamé avec force, émotion et éloquence, par le Pasteur fort respecté.

D’un côté le traumatisme de la culpabilité, la lente confession de notre péché (personnel et collectif), repris sous des formes diverses dans la longue prédication. Le texte de base qui nous faisait trembler d’angoisse n’était autre que la confession des péchés rédigée par Jean CALVIN. Je le connais par cœur après plus de 80 ans de vie.

« Incapables par nous-mêmes d’aucun bien….. »

« de sorte que nous attirons nous même par ton juste jugement, la condamnation et la mort…. ».

Mais où donc était passé le SALUT PAR LA GRÂCE ?

Bien sûr le texte comporte ensuite l’annonce d’un pardon possible, mais qui ne jouait son rôle de catharsis qu’après moult soupirs, regrets, larmes.

                             A suivre ! 14 Juin 2011      Jean HOIBIAN

 M

Tag(s) : #Foi
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :