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Faut-il croire en la résurrection ?

 

 

Il paraît que beaucoup de chrétiens ne croient pas en la résurrection de Jésus. Comment est-ce possible ? Thomas l'Apôtre a été un de ceux-là. Avec mépris, on le nomme l'incrédule. Pour une fois que quelqu'un résiste à une rumeur, faut-il le lui reprocher ? Faut-il croire tout ce qu'on raconte ? Et la résurrection de Jésus  est-elle autre chose qu'une rumeur ? Des gens disent qu'ils ont vu. Des gens ont vu des gens qui ont vu. Chaque évangéliste présente une collection personnelle des bruits qui courent à ce sujet, tous plus ou moins étranges.

Ceux qui ont vu ne montrent pas à ceux qui n'ont pas vu. Il faut les croire sur parole. Suffit-il d'un grand nombre de crédules pour transformer une rumeur en vérité ? Est-ce cela croire ? Si l'Eglise n'est que le club des crédules et des naïfs, comment peut-elle donner l'envie de la rejoindre ?

Je crains pour ma part qu'on ait trop souvent présenté les choses ainsi. Quand on me parle de la foi des Apôtres, je risque d'entendre : il faut faire confiance en ces braves hommes. Quand on me parle de la foi de l'Eglise, je risque d'entendre qu'il faut croire M. le Curé. Ce qu'on appelle croire à la Résurrection devient croire à de braves gens qui nous rapportent des histoires. Malgré toute la sympathie que je peux avoir pour eux, j'ai bien le droit de rester sur la réserve, non ?

Le système de la rumeur a pu fonctionner tant que les clercs ont pu faire croire que les braves gens n'étaient pas capable de penser par eux-mêmes. Ils n'avaient même pas d'accès direct aux saintes écritures. Les croyants étaient aussi des crédules. Aujourd'hui il n'est pas possible de rester dans cette confusion entre l'évangile de Jésus-Christ et les rumeurs qui ont couru après sa mort, entre la foi en sa mission et la crédulité en des anecdotes merveilleuses.

Du reste, si on veut être précis, personne n'a cru en la résurrection de Jésus. Celle de Lazare avait eu une autre évidence. On a employé ce mot faute de mieux. Les apôtres après la mort de Jésus ont compris que son entreprise n'était pas achevée, que sa mission continuait, que sa Parole gardait sa puissance, que sa présence avait changer d 'évidence. Etre croyant ce n'était pas être crédule mais garder la foi en celui qui les avait émus, changés, mobilisés, transformés. Un instant la croix les avait ébranlés. Ce dimanche matin ils reprenaient confiance. C'était leur foi qui les avait ressuscités.

Née dans la rencontre de Jésus, leur foi leur faisait dire : il est toujours vivant !

Peut-on croire que le monde serait devenu chrétien avec cette rapidité parce qu'un homme serait sorti du tombeau ?Mais des histoires comme celle-là, on en racontait tous les jours et des plus extraordinaires. Croire en Jésus, c'était accueillir un nouveau visage de Dieu, un Dieu qui n'était pas du côté des riches, des rois et des prêtres, un Dieu qui ne préférait celui-là à celui-là, un Dieu qui ne figeait pas les vies dans un jugement définitif, un Dieu qui n' appelait pas à la violence mais au pardon, un Dieu qui aimait comme un Père et invitait à nous aimer les uns les autres.

Tout ce que raconte l'Eglise, tout ce qu'elle dit, tout ce qu'elle fait ne peut avoir d'autre intérêt que d'ouvrir le coeur des hommes à cette foi-là. Il est certain que tous les miracles qu'on raconte sur sa naissance et sur sa mort ont pu et peuvent encore aider beaucoup à y entrer; C'était l'ambition explicite de Jean l'évangéliste. Mais aujourd'hui, présenter ces «vérités » comme le contenu de la foi fait à certains une difficulté au lieu d'être une aide. Permettons-leur d'être croyants sans être crédules !

Ecrit de Jacques NOYER, évêque d'Amiens, paru dans la revue « Témoignage chrétien ».

 


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Tag(s) : #Foi
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